Tous différents mais tous photographes

Est-ce que les photographes professionnels vont continuer à prendre des photos avec des appareils pro, lourds, encombrants, chers alors que le plus grand nombre des images vues et partagées sont prises avec des compacts ou des smartphones ?

Vous avez peut-être entraperçu mon billet d’humeur sur Red Bull Photography, voici la traduction en français rien que pour vous !

N’oublions pas que cette querelle existait déjà en argentique alors que certains réalisaient des images à la chambre, d’autre au moyen format, au reflex, au polaroïd ou encore au compact.  Ces mêmes pratiques perdurent au numérique avec les moyens format, les reflex pro, les reflex grand public, les compacts. Et de nouveaux outils sont apparus ces dernières années  : actioncam, smartphone, 360VR…

 

Séparons les photographes en deux grandes familles,  ceux qui réalisent des images par amour de la photo et ceux qui font des images avant tout pour les vendre. Les premiers feront plus d’achats compulsifs, les produits qu’ils utilisent sont fonction de s’ils veulent partager des moments, s’ils veulent réaliser des images de très hautes qualité ou simplement par plaisir d’utiliser le dernier jouet à la mode. Les seconds  seront certainement plus vigilants sur leur outils de travail en fonction de leur clients : hautes qualité, transportabilité, connectivité et ils pourront avoir plusieurs outils à leur disposition.

C’est assez récent, mis à part le phénomène Leica pour les reportages, de voir des photographes professionnels opter pour du petit matériel. On a vu l’arrivée des action cam grand public comme les GoPro dans de grosses productions. Et aujourd’hui il n’est pas rare, dans le cadre de certaines missions, que gros boîtier soit assisté par un petit boîtier ou même un smartphone. Alors que le standard du web reste de l’image d’assez faible résolution et que de moins en moins de photographes font de tirages, la course au pixel est quelque peu stoppée (sauf usage spécifique).

Pourtant, demain le tireur, à mi-chemin entre le graphiste et le photographe, va peut-être réintervenir. Soit pour travailler sur des vidéos très hautes déf et exporter la meilleure image, ou pour proposer des images 360° dans lesquelles les spectateurs pourront se déplacer. Avec les procédés de capteur pléniptique type Lytro, il lui sera possible de choisir après la prise d’image le point de netteté et la profondeur de champ. Avec des capteurs de 50Mp, il lui sera possible de travailler sur un plan large pour aller chercher l’action qui nous intéresse à l’intérieur. Avec les micro moteurs, les drones et les technologies connectées il sera possible d’aller faire des images dans des endroits jusqu’alors inaccessibles.

Ces évolutions vont arrivées mais le plus important persistera, que l’on soit professionnel, amateur, passionné c’est cette partie subjective à tout instant de la réalisation de l’image, qui fait que c’est un art, seule l’ordre des étapes change. En effet il y a un siècle, il fallait choisir le cadre, la sensibilité de la pellicule, la lumière, expliquer le processus aux gens pour qu’ils restent immobiles et enfin déclencher. Aujourd’hui, il faut être au bon endroit au bon moment, choisir son cadre, prendre une ou plusieurs images, avec ou sans prêter attention à ce que fait l’appareil, puis choisir la bonne images et la traiter, puis l’exporter en fonction de la diffusion envisagée (qui elle aussi aura due être choisie).

Tant qu’il y aura des choix multiples à la prise de l’image ou en post production, il y aura une écriture photographique propre à chacun, une sorte d’ADN. Chaque photographe pourra trouver sa voie, que ce soit pour vivre au quotidien de l’image ou pour la beauté du geste.

Gilles Reboisson artisan photographe, passionné d’image, de belles histoires et de culture photo.

The crowd enjoyed the show at Red Bull Music Academy stage during Nuits sonores festival in Lyon, France on May 15th 2015
The crowd enjoyed the show at Red Bull Music Academy stage during Nuits sonores festival in Lyon, France on May 15th 2015