Le Monde de la Photo #1

Si vous suivez mon travail vous serez ravis de découvrir l’envers du décor alors je vous propose de découvrir tous les mois l’un de mes articles écrit pour Le Monde de la Photo.

LUMIERE SUR …

Le Monde de la Photo
The crowd enjoyed the show at Red Bull Music Academy stage during Nuits sonores festival in Lyon, France on May 15th 2015 / Red Bull Content Pool ©GR

 

 

Je vous dévoile les coulisses de la prise de vue en festival. Préparation, discrétion, bain de foule… tous les ingrédients sont réunis pour un beau challenge photographique !

 

EXIFS

Canon EOS 5D Mark III

Sigma 24mm f/1,4 Art

1/125s

f1,4

3 600 Iso

Nuits Sonores 2015 / Scène I

Installation : Yves Caizergues

 

Du rêve à la réalité

Les photographes de concert ont souvent accès à des zones inaccessibles pour les spectateurs : ça peut en faire rêver plus d’un ! Pourtant, en termes de contrat et de réalisation, cela se complique. Ici, en commande pour une marque de boisson énergisante, je devais rendre une série d’environ quinze images de la soirée. Toutes doivent répondre à un brief très précis : codes couleurs, présence d’autres produits (pas de cigarette, pas d’alcool), logo… Une quantité de petits défis !

Même s’il est essentiel d’avoir à l’esprit la commande client et de bien connaitre ses besoins, il faut parfois sortir du cadre pour garder une démarche personnelle et un peu de spontanéité. Le brief en tête, j’observe la salle, la scène et la foule. J’ai trois points de vue récurrents. La régie, l’endroit idéal pour comprendre la scénographie ; la scène, un moyen discret de croiser le regard des artistes, d’observer leur gestuelle, (je dois rester très discret, les spectateurs sont venus voir un artiste, pas un photographe) ; et dernier point stratégique, la fosse en bord de scène. A côté des vigiles, comme eux j’observe les visages et les attitudes. Souvent, ces anonymes sur lesquels mon regard s’arrête seront sur mes plus belles images.

La scénographie

Ici la scénographie était superbe, quatre rangées de cinq boules à facettes, soutenues par des câbles motorisés, éclairées par des faisceaux lumineux puissants.

Tout en étant très graphique, cette ambiance éclaire largement les spectateurs venus en masse. Je tiens mon image, tout de même conditionnée par plusieurs paramètres. Tout d’abord, il ne faut pas trop de luminosité sur le plafond de la salle car cela mettrait en avant la technique et casserait la magie des boules qui flottent dans l’air. Ensuite, j’ai trois personnes au premier plan qui ont pris la fâcheuse habitude de lever leur verre d’alcool dès qu’il y a de l’ambiance. Enfin, la lumière ne doit pas être trop forte sur l’artiste…

La photo

Pour ne pas être piégé par l’autofocus toujours capricieux avec les effets de lumière, je bascule la mise au point en mode manuel. La photo sera prise à bout de bras. Je n’ai pas d’écran orientable et bien trop peu de temps. J’ouvre en grand pour ne pas trop monter en Iso, et garder une vitesse raisonnable et je me cale en hyperfocale à l’infini : pratique. Deux images de test, les boules descendent, parfait ! Ce n’est pas tout à fait l’ambiance que j’attendais, mais la lumière est sur le public.

Seulement au moment de déclencher, les lumières passent au vert… et le brief interdit la couleur verte ! J’aurai l’occasion de refaire plusieurs images répondant cette fois au code couleur, pourtant c’est cette première photo, passée en noir et blanc, qui sera retenue, avec moins de bruit et un peu plus de fumée marquant bien les rayons de lumière. Elle servira dans plusieurs médias pour montrer que la scène RBMA des Nuits Sonores 2015 a fait salle comble !