Le Monde de la Photo #2

Si vous suivez mon travail vous serez ravis de découvrir l’envers du décor alors je vous propose de découvrir tous les mois l’un de mes articles écrit pour Le Monde de la Photo.

Blanc ou Cramé ?

Le Monde de la Photo
Rider at Freeride World Tour Qualifier in Chamonix, France on November 20th 2015 / ©GR

 

 

Je vous ai déjà fait découvrir l’envers de la photographie de concert. Cette fois, je vous fais prendre une grande bouffée d’air pur à Chamonix sur le Freeride World Qualifier. Cet événement permet à de jeunes skieurs de se faire repérer puis de participer au Freeride World Tour. Pour moi, le Freeride est synonyme de face vierge, mais comment faire quand déjà beaucoup de riders ont laissé leur trace ?

 

EXIFS

Canon EOS 5D Mark III
Canon EF 70-200mm f/2.8 L IS USM à 200mm
1/4000s
f100
400 Iso

Chamonix Freeride World Qualifier

 

Un mauvais départ

La veille d’une mission en montagne, quand la neige est bonne, et que l’on est skieur, c’est dur de résister à l’appel de la neige. Nous voilà donc partis un jour en avance pour profiter de la poudreuse tombée la veille. La première descente, guidée par un rider connaissant bien la station, se déroule très bien. Je me sens en confiance. A la seconde, c’est la chute. Douleur au genou… la piste n’est pas loin, les camarades m’ont vu, je leur dis de refaire une descente, nous nous rejoindrons plus tard. Ma descente, longue et pénible, sera la dernière de la journée. Bilan : difficile de marcher, mais pas le temps d’envisager le pire ou même un remplaçant. Demain je serai sur la face pour shooter les jeunes riders présents pour le FWQ de Chamonix.

 

La face

Nous sommes une petite équipe, bien rodée à ce genre de mission : communiquer et valoriser une manifestation. Tout se passe très vite, pas de long brief média, pas le temps de choisir les spots et pas le temps d’expliquer que j’ai peut-être un peu mal au genou. Nous sommes trois mobilisés pour l’occasion, deux cadreurs et un photographe, moi. Je serai sur la face avec un l’un d’eux, le second cadreur fera des images d’ambiance à l’arrivée et des plans à la longue focale. La face est vertigineuse, il nous faut un peu plus d’une heure pour se rendre au sommet, entre télésiège et descente à ski pour accéder à l’arrête sur laquelle il faut marcher 40 minutes. Je mettrai bien 2h, en serrant les dents. Je profite de chaque pause pour prendre des images de la procession de rider empruntant le même chemin que nous. Le plus dur est à venir, je descends lentement, sur un ski,… Ce qui me vaudra un clin d’œil du speaker : « vous pouvez voir la difficulté de la pente en regardant des débutant évoluer dedans »… Sans commentaire !

 

 

La photo

La face étant déjà bien tracée, mon reportage menace de ne pas faire très ‘’freeride’’.  J’ai bien quelques images de saut ou de backflip, mais il me faut une image de début d’article. Il fait très beau et nous prenons même quelques coups de soleil. Je suis idéalement placé, je domine une ligne dans un endroit avec un grand espace de neige vierge. Nous restons généralement 5 à 8 passages au même endroit puis nous changeons de lieu. Pourvu que des skieurs passent ici. J’ai déjà deux images mais il me manque une bonne position. Cette skieuse passe et je déclenche juste avant sont virage avec son bâton bien vers l’aval.

Cette image me plait, le piqué est honorable, la position est bonne, la tenue flash bien. Pourtant j’ai les traces des deux autres passages… Je décide donc en post-production de cramer les blancs, ainsi toute la neige et les traces disparaitront. Le bâton, la position, la petite gerbe de neige et les traces que je laisse visibles en aval donnent suffisamment d’impression de verticalité. Verticalité qui m’aura fait souffrir mais n’aura pas eu raison de moi !