Si mon sac de photographe pouvait parler, il me remercierait sûrement de lui faire partager ces incroyables moments. Car il profite lui aussi du spectacle, et il a la meilleure place, que ce soit au milieu de la foule endiablée, dans les backstages au milieu des artistes et même parfois discrètement dans un coin de la scène au plus proche du concert.
En tant que photographe, je le mets à rude épreuve, parfois super chargé, parfois il a du mal à me suivre dans la foule, parfois je l’abandonne. Il est même arrivé qu’il reçoive des boissons plus ou moins alcoolisées, que l’on cherche à me l’arracher… Il est le seul qui entre dans ma bulle lorsque je suis concentré.
Il faut aller vite, être précis, les spectateurs ne sont pas là pour voir des photographes sur scène mais l’artiste. Un regard complice avec lui, il transcende le public et je suis là pour figer cet instant magique.
Les concert passent tellement vite, un rapide passage en backstage, prendre ses marques, ici nous sommes tous au travail et nous sommes une famille. Déjà c’est l’entrée sur scène de celui sans qui nous ne serions pas là. Je prends quelques minutes pour observer la foule, je croise quelques regards, je fais attention aux lumières puis aux différentes positions que je pourrais prendre. Ensuite il faut varier les angles de vues et surtout se faire plaisir. Souvent tout se mélange, la concentration, le plaisir de la musique, l’énergie de l’artiste, celle de la foule. C’est ça la magie que tout photographe recherche.
Quand je laisse mon sac d’épaule, sur un coin de la scène pour être plus léger et plus rapide, je sais que je peux le garder à l’oeil, et mon matériel est bien protégé. Pourtant très vite je me sent seul, il est mon plus fidèle assistant.
Mais déjà il faut rentrer à l’hotel, je peux alors l’alléger de quelques objectifs que je remplacent par mon macbook, un disque dur et un lecteur de carte. Direction, le bar de l’hotel pour choisir avec le client les images qui seront demain dans les magazines.